Tatouages au henné : toute une histoire

Le tatouage au henné renvoie à l’application du henné sur la peau sous forme de dessins plus ou moins complexes. Il s’agit d’un tatouage provisoire que l’on retrouve dans les pays arabo-musulmans mais aussi d’Asie. Généralement appliqué sur les mains et pieds, le tatouage au henné était originellement destiné aux femmes musulmanes, bien que d’origine pré-islamique. 

Histoire : 

Les premières traces d’utilisation du henné remonte à 9000 ans, dans la cité de Catal Huyuk (en Turquie actuelle), où celui-ci était utilisé dans un contexte religieux lié au culte d’une déesse de la fertilité. On retrouve également des traces et témoignages datant d’il y a 5000 ans, époque à laquelle les égyptiens colorés les cheveux et ongles des momies à l’aide de henné. Rédigé vers 2100 avant J-C, la légende de Baal et Anath nous rapporte l’usage féminin du henné sur les mains, au cours des épousailles. Les carthaginois seraient à l’origine de la pratique du dessin corporel en Afrique du Nord, tandis que l’introduction du henné en Inde semble datée du Vème siècle. La véritable tradition du mehndi (désignation du tatouage au henné en Inde) émerge au XIIème siècle avec l’arrivé de Moghols musulmans.

Si anciennement le tatouage au henné était pratiqué dans le cadre de mariage ou rites religieux, aujourd’hui sont utilisation s’étend au quotidien, notamment en raison de son esthétique.

Types de dessins et Symbolique :

Autrefois, chaque motif était lié à une signification qu’ils proviennent d’Inde ou des pays arabes. Ces motifs étaient à la fois séducteurs de part leur esthétique mais avait également un rôle de protection face au mauvais oeil. Mais faisant l’objet d’une mondialisation, le tatouage au henné est aujourd’hui majoritairement utilisé à des fins esthétiques, perdant de sa signification culturelle.

Contrairement à la pensée première, les tatouages au henné indien (mehndi) ou nord africain ne se ressemblent pas. Au Maghreb, les motifs traditionnels sont essentiellement des formes géométriques prenant la forme de traits simples ou en dent de scies, de triangles, losanges, carrés, points, cercles, etc. A titre indicatif, les significations liés à ces motifs sont :

  • trait vertical : source de la vie, souffle de Dieu;
  • deux traits : dualisme présent en chacun;
  • spirale : représente l’harmonie;
  • cercle : symbole de l’absolu;
  • point : le foyer, le centre;
  • croissant de lune : il représente la matière qui naît, vit et meurt;
  • carré : extension du croissant de lune;
  • rosace : forme dont la pointe vers le bas évoque l’eau et la féminité, tandis que la pointe vers le haut renvoie au feu et la virilité.

Aujourd’hui, les tatouages au henné maghrébins incluent également des motifs floraux qui toutefois se distinguent du mehndi. Les motifs indiens se composent de formes géométriques, mais aussi de formes figuratives. Elaboré et chargé, ils forment une véritable dentelle sur  la peau. On peut y retrouver la fleur de mangue symbolisant la félicité, une fleur de lotus aux significations multiples (compassion, pureté), la syllabe hindou « aum » représentant l’unité du cosmos, ou encore le paon symbolisant la grâce, la beauté et plus généralement à la joie.

Préparation et application du henné : 

Le pâte de henné est le résultat du broyage de feuilles séchés de henné, qui devenant poudre sont mélangées à de l’eau, voir du thè ou du café pour assombrir sa couleur. Certaines y ajoutent du citron et du sucre, voire des huiles essentielles, tout cela dans un même but : obtenir une coloration plus foncée et une plus longue tenue. Après un temps de repos, la pâte est introduite dans une poche de forme cônique ou une seringue, l’objectif étant d’obtenir des traits fins, facilitant la formation du dessin. Un temps de pause long est nécessaire pour obtenir une couleur soutenue et une longue tenue (plusieurs heures). A noter que même si le henné est sec, il continue à agir. Le tatouage dure alors plus ou moins 1 semaine, cette durée variant en fonction du type de peau, de la transpiration, etc.

Henné noir : Attention, danger :

Il faut savoir que le henné naturel appliqué sur la peau donne un rendu orange jusqu’à marron (selon la recette, et le temps de pose). La couleur noire n’existe pas au naturel. Pour l’obtenir, certains tatoueurs ajoutent du paraphénylène diamine (PPD) qui est un produit hautement allergène. Si inclut dans la composition de la pâte de henné, il peut provoquer de l’eczéma prenant la forme du dessin et/ou conduire à terme au développement d’allergies à vie. D’ailleurs, chaque année, l’Afssaps (Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé), nous rappellent ces dangers. Donc, soyez prudentes!

P.S : une suite de cet article version tatouages aux paillettes est disponible ici 😉